Lucas Mesdom développe un travail vidéo dans lequel il aborde les frontières physiques, psychologiques et économiques. Il cherche, par le biais de proches ou d’environnements qu’il fréquente, à brouiller ces frontières pour créer des intervalles où l’on peut échapper au corps social. 

Nancy Casielles











Ma pratique s’articule entre vidéo, sculpture et installation. J’y expérimente le lien qu’entretient la vidéo à son support en variant leur nature. Lorsqu’une vidéo projetée se diffracte dans une matière, elle la sculpte, la métamorphose, en révèle une partie invisible à l’œil nu. Dans le même temps, la nature de cette dernière altère l’image, sa perception, sa visibilité, son sens. L’espace est pour moi fondamental, j’y fragmente mes projections. À l’aide de différents supports, je varie l’angle, la taille et la position des vidéos installées. Le spectateur est invité à se pencher, à relever les yeux, à s’approcher, à prendre du recul. Ce travail formel se construit au contact d’une recherche plus documentaire entreprise en banlieue parisienne, dans des quartiers dits sensibles où j’ai grandi. Je tente de traduire la fragilité des corps, la force du lien et la mélancolie des amis aux côtés desquels j’ai vécu, plus particulierement avec Salah, Antonio et Adil. Dans ce lieu, la question de la représentation est complexe, l’image médiatique et le racisme systémique ont gangréné l’imaginaire lié au territoire, à la population qui l’habite, la dépossédant dans le même temps de son image. Mes dispositifs de captations y répondent, ils sont pour moi primordiaux. La caméra passe d’œil en œil, les plans sont tournés à plusieurs mains.